MISSION H24 : ET MAINTENANT, EN PISTE !

LAURENT ESCOULA I PHOTOS CLÉMENT MARIN / DPPI – Reportage paru dans Spirit of Le Mans #13

Nous vous l’avions présentée dans Spirit #10 et, depuis, ses progrès étonnent. La voici désormais aux essais libres de la Michelin Le Mans Cup dans le cadre de l’évènement ELMS sur le circuit de Spa-Francorchamps !
L’hydrogène en course, c’est vraiment pour demain !

Ce 20 septembre 2019, presque un an jour pour jour après le lancement de MissionH24 à Spa-Francorchamps (déjà !), le prototype LMPH2G est devenu une voiture de course, la première électrique-hydrogène destinée à disputer des épreuves d’endurance. Elle a évolué en piste avec les concurrents de la Michelin Le Mans Cup et elle a ravitaillé grâce à la première station mobile d’hydrogène dédiée à la compétition, conçue par Total. Dans tout projet d’envergure, certains jalons sont plus marquants que d’autres. Pour l’Automobile Club de l’Ouest et GreenGT, réunis par MissionH24 afin de promouvoir l’hydrogène en compétition, pour Total, partenaire de référence de cette aventure, l’étape de Spa-Francorchamps restera un moment essentiel de cette histoire. « Il y aura clairement un avant et un après Spa-Francorchamps 2019 », souligne Pierre-Lou Fleury, team manager de H24Racing, l’équipe de course qui développe la LMPH2G. « Désormais, nous sommes considérés différemment dans le milieu. Certains pouvaient être sceptiques ; depuis, ils ont changé d’avis. »

Le paddock belge qui accueillait, du 20 au 22 septembre, la Michelin Le Mans Cup et les 4 Heures de Spa-Francorchamps, a été le siège d’un véritable évènement : l’arrivée, au coeur du village, accessible au public, d’une station d’hydrogène provisoire, sorte de conteneur hyper-connecté qui s’avère être le dernier sujet d’études de Total. Julien Gueit, ingénieur d’affaires sur les énergies alternatives chez Total, explique : « Depuis un an, nous développons cette première station mobile d’hydrogène destinée à la compétition. Aujourd’hui, elle est capable de produire, à 350 bars, quatre kilos en quatre minutes, soit une autonomie assurée de trente minutes ».
Quelques instants plus tard, après avoir roulé en piste au milieu des autres autos en essais libres, puis circulé sur une centaine de mètres dans le paddock, la LMPH2G, frappée du numéro de course 42, vient se positionner devant l’un des deux pistolets injecteurs. Un mécanicien en combinaison MissionH24 connecte simplement l’embout au réservoir, comme sur toute autre voiture venant opérer son ravitaillement. Un public assez nombreux est venu assister à cet acte d’ordinaire banal. Mais là, c’est effectivement la première fois qu’un prototype électrique-hydrogène évolue en piste avec d’autres concurrents, des LMP3 et des GT3. Et c’est aussi la première fois qu’une voiture de course à hydrogène ravitaille !
Pierre-Gautier Caloni, directeur de Total Compétition et Sponsoring, affirme, enthousiaste : « Tout ce que nous menons à bien actuellement est différent, nouveau, inattendu. Le test que nous réalisons aujourd’hui avec cette première station mobile d’hydrogène pour la course est d’une importance extrême. Ce moment pouvait générer quelque stress mais, heureusement, chacun a compris que nous explorions et que nous progressions comme des pionniers ».
Sur le carnet de bord de la LMPH2G, on pourra lire, à la date du 20 septembre 2019, qu’elle a bouclé vingt tours du toboggan belge, douze aux mains de Norman Nato, huit à celles d’Olivier Lombard, qu’elle a ravitaillé quatre fois, que son meilleur chrono a été de 2’33’’149, soit quatorze secondes de plus que la meilleure GT3. « La voiture est plus lente que les autres en piste mais, pour ce premier roulage dans un meeting de course, ce n’était pas l’élément essentiel », reprend Pierre-Gautier Caloni. Pour les membres de H24racing, certaines priorités ont un sens et ont été validées : la vérification des rôles de chacun dans l’équipe, la mise au point de la machine sur ce type de circuit, le comportement de la voiture et de l’équipe dans un environnement de course, les changements de pilote, le ravitaillement, le bon fonctionnement de cette station particulière…
« Les essais se sont bien déroulés », a déclaré Norman Nato, l’un des pilotes. « Nous savons où nous en sommes, nous avons réussi à suivre le plan prévu. Il y a encore beaucoup de travail à réaliser mais, par rapport à l’an dernier quand la voiture a été présentée, nous avons bien évolué. C’est très plaisant de partir d’une feuille blanche et de voir le résultat aujourd’hui, de constater les évolutions de la voiture à ce niveau de performance, sachant que de gros développements sont encore à venir ». Les dossiers du moment ? La chaleur et le refroidissement de la voiture. Des questions connues et des solutions qui ne tarderont pas à être testées. Seule certitude au soir de Spa : l’avenir de cette auto en course s’annonce prometteur. ♦

Du poids à gagner et de la température à perdre. Voilà, en résumé, les conclusions de cette première mondiale à l’importance capitale. Tout le reste est en place et bien en place. Vivement demain !

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